
Noname, Telefone (auto-produit, 2016)
Décidément, le téléphone inspire la scène musicale. Après la mixtape d’Erykah Badu (But You Caint Use My Phone) parue après la complainte d’Adele (« Hello ») et les réminiscences de Drake (« Hotline Bling »), voici venu le tour de Noname, de son vrai nom Fatimah Warner, poète et rappeuse à ses heures perdues. Et des heures perdues, il faut dire que la jeune artiste de Chicago en a eues un paquet, puisque ça fait plus de deux ans que ce projet doit sortir, laissant les fans dans l’expectative après quelques featurings remarqués (notamment avec Chance the rapper).
L’attente en valait la peine, car c’est un délicieux mélange musical et littéraire que nous livre Noname. Sur une instrumentation légère qui n’est pas sans rappeler la neo-soul d’Erykah voire le jazz groovy d’un Robert Glasper (le titre « Freedom Interlude » par exemple), c’est un véritable récit de vie que nous dévoile Noname. Oscillant entre thèmes sombres (les violences raciales, la vie dans les quartiers, la lutte pour les droits civiques des Noirs aux US) et badinages sentimentaux de tous âges, l’artiste nous avoue en fait son tiraillement entre volonté de grandeur et attachement à sa vie dans la banlieue de Chicago (un quotidien décrit avec ironie dans « Diddy Bop »).
Les références historiques et culturelles foisonnent, les jeux de mots sont riches, incitant à vraiment se pencher sur les textes pour apprécier ce produit à sa juste valeur. C’est complexe, mais jamais compliqué : « I’m trying to re-imagine abracadabra for poverty » dans « Forever ». C’est sérieux, mais jamais prétentieux : elle n’a besoin que d’amour, clame-t-elle dans « All I Need ». On peut aussi faire le parallèle avec Akua Naru qui partage la même conception poético-musicale.
Le coup du téléphone, c’est pour apporter du dynamisme : « I like the idea of what it means to be on the phone with someone for the very first time (…). I want my project to be very conversational », confie-t-elle dans une interview. On comprend mieux la soif de collaboration qui l’anime, avec pas moins de six featurings qui puisent dans les racines soul et gospel du genre et apportent une touche finale au rendu musical. L’ensemble peu produit n’est pas gênant. Au contraire, la richesse des sonorités avec des sons de claviers particulièrement soignés nous invite dans cette atmosphère feutrée qui met bien en valeur les textes. Et puis après tout, on sait depuis Joey Badass que production limitée ne rime pas avec amoindrissement qualitatif. On souhaite la même trajectoire à Noname malgré son « anonymat ».
Chroniques - Par Willy Kokolo - 15 août 2016
Plus d'articles
On s’était à peine remis de l’excellent Pretty Girls like Trap Music (sorti il n’y a guère plus d’un an) que 2 Chainz nous offre un cadeau de Noël en décalé avec une mixtape certes courte mais d’une redoutable efficacité : They Don't Care Who Makes It.
The Saga Continues, le nouvel album des vétérans du Wu Tang Clan a paru ! Verdict ?
Brockhampton est un collectif artistique de rappers et producteurs de Los Angeles, ou « boy band » comment ils se surnomment parfois eux-mêmes. Saturation 2 est leur dernier projet, sorti en aout. C’est grinçant de sarcasme, parfois franchement drôle, parfois plus sombre, et c’est en somme une réussite.
Du pain et des jeux". C'est ce que nous a toujours proposé Action Bronson, dans sa musique et dans ses shows TV. Il n'avait pas prévu de déroger à la règle avec son nouveau projet, troisième et a priori dernier de la série Blue Chips, et deuxième album en bonne et due forme.
Deux ans après Cherry Bomb, Tyler, The Creator continue de surprendre avec Flower Boy, un nouvel album qui présente bien des changements.
Tout juste un an Après une collaboration fructueuse avec son mentor Lil Wayne, sur l’excellent Collegroove, 2 Chainz revient aux affaires en solo avec le rafraîchissant Pretty Girls Like Trap Music.
Quel est le lien entre le titre de son album et le poème du (presque) même nom : « Over the carnage rose prophetic a voice », écrit par Whitman pendant la guerre de Secession ? Scallops Hotel a inversé « voice » avec« prophetic »
Comment Vince Staples nous fait mordre à l’hameçon avec son nouvel album. The Big Fish Theory est rafraîchissant, futuriste, et se refuse à toute catégorisation. Il relève haut la main le défi de l’originalité musicale, acte la fin du flirt avec le « Rap Ghetto » et officialise une percée dans un univers musical plus recherché.
Pour ses premiers pas dans le Rap Game, Coelho et son frère Be Dar dévoilentPhiladelphia un EP de 8 titres savamment travaillé en famille et dont l’idée s’est imposée en 2016.Après un an et demi de travail, le tandem nantais présente un univers musical à mi-chemin entre le parler/rapper et offre une expérience musicale dans le prolongement des artistes parisiens tels que Nekfeu ou Jazzy Bazz.
Le bassiste Reggie Washington propose un second hommage à Jef Lee Johnson, en s’entourant cette fois-ci de DJ Grazzhoppa, de l’excellent guitariste Marvin Sewell et du batteur Patrick Dorcéan, lui déjà présent dans le Volume 1, et de quelques invités comme le guitariste Hervé Samb.
Si vous avez entendu parler de Bryndon Cook, c'était lié à sa tournée avec Solange comme guitariste. Avec Language, un album empreint de sentimentalisme, le nouvellement autoproclamé Starchild compte bien attirer les feux des projecteurs.
Antoine Domino dit Fats Domino nous a quittés le 24 octobre dernier à l’âge canonique de 89 ans. Il avait largement disparu des radars depuis la fin des années soixante bien qu’il ait laissé une marque indélébile dans la musique populaire.
Même un an après son décès, Sharon Jones semble toujours bien vivante et au sommet de son talent sur cette ultime révérence. Etrange sentiment que d’écouter un album posthume - présenté comme un dernier témoignage – d’un artiste dont il n’y aura plus a priori d’inédits.
Le bluesman Lucky Peterson retrouve l’esprit d’enfance en revenant lire les classiques de Jimmy Smith - c’est sa madeleine proustienne à lui - pour cet hommage discographique qui parait sur le label Jazz Village, chez Pias.
Après un premier album fort abouti, les deux sœurs franco-cubaines reviennent sur le devant de la scène avec la même recette : mélodies mélancoliques et prévalence rythmique.
Le chanteur de Blues Sugaray Rayford s’est fait remarquer en 2010, sur disque comme sur scène. Malgré quelques titres soul sur son précédent album Southside, il aura fallu attendre ce nouvel opus pour un véritable virage.
Pistolet à fleur dans la manche, son avatar en mode hippie sur la pochette de l’EP, les cheveux longs, et une barbe de baroudeur, Guts is back, pour notre plus grand plaisir, avec un projet ancré dans la plus pure tradition de la Great Black Music. Calibré pour un live band, dans le même esprit qu’Eternal, ce nouvel EP propose un casting de rêve
Cette année 2017 marque les 20 ans de l’album « Wu-Tang Forever » mais l’influence du groupe de Staten Island continue de s’étendre au-delà de leur propre patrimoine, la preuve en est avec ce second volet de reprisesen versions instrumentales, toujours réinterprétées par la formation El Michels Affair.
Avec Palimpseste, le bassiste Sylvain Daniel fait revivre les ruines de Détroit dans un album en véritable patchwork musical : du rnb à l’électro en passant par le hip hop et bien d’autres styles. Indiscutablement, ça groove !
Focus sur l'édition 2018 du festival Banlieues Bleues ! Djam pioche ses préférences dans la très éclectique programmation du festival de Seine Saint Denis : Abdullah Ibrahim, Sibusile Xaba, Sons of Kemet, BCUC, Palimpseste, Etenesh Wassié trio...
Lande, une bouffée d’air frais pour le jazz français, sera en concert à La Petite Halle, le mercredi 8 mars. En 2017, le quartet a séduit avec La Caverne, un premier album qui réunit des habitués de la scène :
Rejjie Snow aura su faire monter l'impatience. On peut ergoter sur le retard du bon vieux Alexander Anyaegbunam, rebaptisé "Rejjie Slow" par ses détracteurs ou des fans un peu trop frustrés. Il n'empêche que Dear Annie, en valeur nominale, est un véritable bijou.
Inget. Nytt, le troisième album de Nox.3 qui s'élargit en accueillant la chanteuse suédoise Linda Olah. « rien de nouveau » en suédois – langue de Linda Olah, la chanteuse - c’est le nom qu’ils ont donné à leur dernier album.
Si la disparition à l’âge de 62 ans du violoniste et compositeur Didier Lockwood, le 18 février dernier, a fait la Une des grands quotidiens nationaux, c’est qu’il était indubitablement un nom de la scène musicale française, à l’égal d’un Michel Petrucciani, dans l’esprit du grand public.
Au festival Sons d'hiver, Steve Lehman présente Sélébéyone, son dernier projet, une aventure entre musique spectrale, free jazz et rap.
African Fast Food, le nouvel album d'Alune Wade, bassiste des plus grands, est un concentré d'afrobeat, où se mélangent percussions et voix ; traditions africaines, jazz et funk.
Il n'y a pas que les producteurs hip hop pour sampler les musiciens de jazz. Dans une formule encore rare, le batteur Makaya McCraven, qui s'est auto-qualifié de « Beat Scientist », a pris l'habitude de sampler ses propres concerts. Il raconte à Djam sa conception de la rythmique et la fusion jazz/hip-hop, et surtout son approche de la composition, entre mathématiques et musique.
Il en impose, Raphaël Imbert, avec sa tronche au crâne dégarni et à la barbe hugolienne, avec sa voix bien timbrée et sa parole qui porte. Passer deux heures avec lui, finalement, c’est court. Surtout pour parler de Musique is my Hope, son nouvel album !
Camarades de route dans l'amitié et la vie professionnelle, Robert Glasper, Karriem Riggins et Common nous gratifient d'un album commun, sous le patronyme énigmatique d'August Greene. Mais plus qu'un trilogue institutionnalisé, cet album constitue l'avènement de Common en vrai leader spirituel !